Les mois filent et ne se ressemblent
pas. Tu es loin de moi. Tes parents aussi. Sans doute en vacances, en
vadrouille, mais je n'en suis même pas sure. Ce n'est pas qu'un
éloignement géographique. Les dernières nouvelles remontent au mois
dernier. Avant que je ne parte dans les Alpes. J'aurais bien aimé te
voir avant de partir, voir ta maman aussi, mais il y a comme un
froid...
C'est certain, ta maman et moi n'avons plus le même
rythme de vie. Avec toi, elle est toujours occupée, c'est du boulot une
petite demoiselle comme toi. Alors je ne la vois pas souvent. Pas
autant que je le voudrais. Puis à chaque fois que je la vois, elle est
pressée, pressée par le temps, mais aussi par l'envie de profiter de
chaque instant. Souvent, lors de nos dernières rencontres, ses mots
allaient trop vite pour moi. Je voyais en elle une petite fille comme
toi qui avait envie de rattraper le temps donné ailleurs. Du temps
qu'elle te donne. Mais moi, j'ai du mal à suivre.
Alors, il y
a comme un froid. Qui remonte à la dernière fois où nous aurions du
nous voir. Où elle m'a appelée, comme s'il y avait une urgence, pour me
dire qu'elle venait me voir. Mais je n'étais pas chez moi, et je m'y
suis rendu vite, un peu contrariée parce que j'avais du abandonner un
ami. J'en ai fait la remarque, sans être méchante, à ta maman quand
elle est arrivée tout sourire. Depuis, j'ai comme une impression de
froid.
Je repense à ma propre maman, qui me racontait comment
ç'avait été dur pour eux, qui sortaient tant, quand je suis née. Dur de
répondre aux copains qui téléphonaient à la dernière minute pour se
faire un resto "qu'on ne peut pas jeter le bébé par la fenêtre". Dur
aussi de voir ce rythme s'imprègner sur chaque jour, à la fois lent et
trop rapide. Passer à côté de tant de choses, mais aussi voir les
autres qui passent à côté de tant de choses. Un choix.
De mon
côté, je suis triste. Je suis sure que ce n'est qu'une période. Mais
quel dommage de ne pas avoir pu profiter de ces mois de vacances qui
s'achèvent pour te voir grandir. Je suis certaine que j'aurais du mal à
te reconnaître la prochaine fois où je te verrai. Tu seras déjà une
grande fille.